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But du blog   Infos diverses [MÀJ : 01/11/25]
Bénéfices de l’Attention : L’échappatoire ultime

9 nov. 25

Les gandhabbas

Il ne s’agit pas d’un sujet clé pour l’accomplissement intérieur, mais il m’a semblé intéressant de le traiter, car il permet pour le moins d’améliorer notre vision du monde dans lequel nous évoluons. C’est toujours mieux que de gaspiller son temps avec du pur divertissement.

Nous sommes tous des gandhabbas !
Mais qu’est-ce donc qu’un gandhabba ?

Un gandhabba est un corps subtil, non matériel, constitué d’une énergie de vibration trop légère pour être vu ou touché par un être terrestre. Il est intimement relié à une espèce. Il y a donc des gandhabbas de chien, de crocodile, d’abeille, etc. Même si les humains se comportent souvent comme des moutons, des singes ou des cochons,

Kassinou le détracteur
Nom d’un homme, pour une fois, je ne vais pas te contredire !

seul un gandhabba humain peut renaître humain. Hors du corps humain, il est à peu près libre comme l'air, il peut voir, entendre et percevoir astronomiquement mieux et penser beaucoup de choses, mais ne peut ni ressentir physiquement (pas de plaisir charnel, mais pas de douleur, pas de problème de température), ni goûter, ni sentir. Prisonnier dans le terriblement lourd, grossier et limité corps humain, le gandhabba est en quelque sorte la chose qui rend vivant votre corps.

On dit que c’est l’absence d’un objet désiré qui dévoile tout l’attachement qu’on peut éprouver pour lui. Cela est d’autant plus vrai pour un gandhabba. Bien que libre comme l’air et exempt de douleur, ses attachements demeurent, à tel point d’ailleurs que les gandhabbas, paraît-il, languissent de retrouver dès que possible un corps humain afin de pouvoir jouir de nouveau de l’expérience sensorielle procurée par un corps. C’est dire la puissance de l’aveuglement qui englue les humains comme des moucherons. Avec un peu de sagesse, un gandhabba peut être content de se retrouver SDF (Sans Détention de Fardeau).

Métaphore
La limitation ressentie par le gandhabba dans le corps est comparable au fait de se retrouver coincé dans un vieux tank. Pour voir, on ne dispose que d’un étroit champ de vision sur un petit écran noir et blanc de basse qualité, on n’entend que des sons étouffés, on ne distingue pas les détails du sol et des alentours, on se déplace lentement et lourdement.

La durée du gandhabba

Quand un gandhabba humain est formé, il est prévu pour une certaine durée, environ mille ou deux mille ans. Lors d’une renaissance, peu après la conception du fœtus, il prend l’enveloppe d’un corps humain pour mener sa vie humaine. Quand le corps humain meurt, le gandhabba se libère, puis après une période plus ou moins longue (quelques jours à quelques siècles), il reprend naissance dans un autre corps humain, et ainsi de suite, jusqu’à ce que ce gandhabba parvienne à expiration. Ensuite, selon le kamma, soit un nouveau gandhabba (humain ou animal) est formé, soit l’esprit apparaît dans un autre monde, comme chez les devas ou les enfers.

Dans la vastissime soupe du samsāra, il est extrêmement rare et difficile d’obtenir un gandhabba humain.

Métaphore bouddhique
Pour obtenir l’opportunité de l’existence humaine (bhava), la probabilité est la même qu’une tortue aveugle vivant au fond des océans qui, remontant une fois par siècle à la surface, passerait sa tête au milieu d’une bouée flottante au hasard des océans de la planète (sans la toucher !).

Ce qui est extrêmement rare, précieux et difficile, ça n’est donc pas de renaître humain une fois acquis un gandhabba humain, mais d'obtenir un bhava humain, c’est-à-dire un gandhabba de "singe parlant".

Petite précision pour les connaisseurs : Quand Bouddha déclare qu’un sotapānna peut renaître encore tout au plus sept "vies" dans les mondes sensoriels, il s’agit en fait de "bhavas" (donc de gandhabbas), ce qui fait encore un beau paquet d’existences (plus d’un millier), sans compter celles, longuissimes, passées chez les brāhmas et bien entendu, tout le temps passé dans salle d’attente des gandhabbas sans corps !

Être doté d’un gandhabba nous assure donc, après la mort, de retrouver une incarnation humaine tant qu’il reste de l’énergie karmique dans la "batterie gandhabbique". Sauf cependant, en cas d’acte extrêmement nuisible. Dans un tel cas, Madame La Mort expédie illico l’esprit dans la grande marmite des enfers et le gandhabba prend fin, sans attendre sa date de péremption.

Les sorties hors du corps

Lors d’une décorporation, c’est-à-dire une "sortie de corps" (durant une EMI, un coma, une séance d’ayahuasca…), consciente ou pas, c’est donc le gandhabba qui sort momentanément du corps. Toutefois, dès que la personne est réveillée, le gandhabba n’a pas le choix ; il est instantanément réintégré dans le corps.

Hors du corps, non soumis aux lois physiques, le gandhabba peut se déplacer à la vitesse de la pensée (donc bien plus vite que la lumière). En revanche, l’esprit qui l’habite garde bien sûr les mêmes croyances et les mêmes attachements. Toutefois, certaines illusions sont – provisoirement – dévoilées, à commencer par le fait que seul le néant se trouverait derrière la mort ou que l’entre deux vies n’existerait pas. Si le gandhabba avait à la base un bon fond, il peut être sensible à la béatitude "céleste", ce qui l’incite à une grande bienveillance.

Pour information, les pouvoirs psychiques développés grâce à la méditation profonde (abiññas) qui permettent la vision à distance n’impliquent pas une décorporation du gandhabba, contrairement à ceux qui permettent de voyager dans les autres mondes.

La méprise du Théravada

C’est une réalité dont Bouddha a bien parlé (certains souttas le prouvent noir sur blanc), mais qui cependant est vigoureusement réfutée par le bouddhisme théravadin, pourtant connu pour être le plus proche des enseignements originels. Pour le coup, les Tibétains sont plus proches de l’enseignement de Bouddha avec leur concept de "bardos". Si vous publiez ce présent article dans un pays bouddhiste fanatique aussi intolérant que la Birmanie, vous finissez à coup sûr derrière les barreaux ! Bien sûr, cela ne concerne que les militaires et les ««« moines »»» de pouvoir, et non la population et les moines de quartier, qui font souvent preuve de qualités humaines exemplaires.

Kassinou
Comment peut-on être à la fois bouddhiste et intolérant ?? Moi qui croyait que ces deux choses étaient totalement incompatibles.

Ce coup-là, c’est moi qui ne vais pas te contredire !

Dans le mettā sutta, que la plupart des bouddhistes connaissent par cœur, Bouddha expose une liste de tous les types d’êtres peuplant l’univers, envers lesquels nous sommes cordialement invités à rayonner notre bienveillance, dont le passage suivant :

  • Ceux qui sont nés et ceux qui sont à naître

Les versions officielles des pays théravadins prétendent que le tout premier instant de conscience d’une vie succède toujours instantanément au dernier instant de conscience de la vie précédente. Or, dans un tel cas, tout le monde serait toujours "déjà né", personne ne serait "à naître". Pourtant, les gandhabbas qui naviguent entre deux incarnations sont bel et bien "à naître" ; ils ont quitté une vie et pas encore intégré la prochaine.

S’il me fallait avancer une hypothèse pour expliquer cette méprise, j’évoquerais simplement les grands méditants capables de visiter leurs existences passées. Ce processus part du présent, puis remonte le temps vers le passé. Et juste avant le début de la gestation d’une de leurs vies, ces méditants voient aussitôt la mort de la précédente. C’est un peu comme si "l’enregistrement" se mettait sur "pause" pendant la période où le gandhabba se retrouve "nu".

Une autre preuve ? Dans un autre soutta, notre cher Bouddha nous explique que la procréation d’un être humain nécessite trois choses :

  • Un couple de parents fertiles.
  • L’union de ces deux parents.
  • Un gandhabba.

Pour faire coïncider le Canon pali avec leur propre version, certains bouddhismes n’ont pas hésité à prêter aux textes anciens les interprétations les plus fantaisistes. C’est ainsi que le terme "gandhabba" est tantôt traduit par "virilité", voire carrément "sperme" (alors qu’il existe un mot pali pour désigner ce dernier). Ces deux interprétations farfelues sont obsolètes puisque déjà incluses dans les deux premières conditions. Et il semble évident que la présence d’un esprit est une condition sine qua non pour une nouvelle naissance, ce qu’est un gandhabba. En effet, tout bouddhiste sait qu’un esprit n’est pas créé spontanément lors d’un accouplement.

Les défunts

Et que dire des innombrables témoignages d’EMI, où les "revenus de l’au-delà" donnent presque toujours les mêmes détails sur leurs rencontres avec leurs défunts ?

Parce que oui, les défunts qui accueillent leurs proches expérimentant une EMI sont ni plus ni moins des gandhabbas désincarnés, en attente d’un nouveau corps. Quoi d’autre, sinon ? Des devas ? Probablement pas ! Ces derniers s’intéressent très rarement aux humains, et plutôt à ceux qui ont développé une méditation et une vertu exceptionnelles.

Les défunts qui flottent entre deux vies, du fait qu’ils déambulent dans l’au-delà, ont naturellement une vision claire de l’après-mort (qu’ils oublieront à leur prochaine naissance comme nous l’avons nous-même oublié). Libérés – momentanément – de leur corps grossier et douloureux d’humain, ils peuvent bénéficier d’un recul éclairé sur la vie humaine et ses nombreux tracas et certains ont la bienveillance facile, mais ce ne sont pas des sages pour autant. Le statut de gandhabba sans corps ne confère pas une compréhension correcte de la réalité, ils interprètent donc les choses selon leurs propres croyances. Ils ne savent peut-être pas où ils vont renaître, et éventuellement pas même qu’ils vont renaître. Certains d’entre eux perçoivent probablement comme l’antichambre du Paradis ce qui n’est qu’une simple porte d’embarquement vers d’autres destinations.

Des humains sans corps humain

Les gandhabbas humains sont avant tout des ex-humains. Par conséquent, certains sont aimables, d’autres hostiles. Les gentils seront alors très accueillants, mais ceux qui auront cultivé haine et colère continueront, dès la mort du corps humain, de nourrir des états d’esprits nocifs. Ceux tombés sur les champs de bataille, par exemple, poursuivront la guerre avec leurs gandhabbas ennemis, à l’aide d’attaques psychiques, les sens physiques n’étant plus impliqués.

Vous l’aurez compris, un gandhabba n’est pas grand-chose de plus qu’un humain sans corps physique. Et d’ailleurs, les gandhabbas ne vivent pas dans une sphère céleste à part, mais parmi les humains. Beaucoup nous observent vivre, et pas seulement nos proches disparus. Si vous n’appréciez pas la solitude, soyez rassuré : vous n’êtes jamais seul !

Nombre de vies

En dehors de la méditation profonde bouddhique, ceux qui bénéficient d’un aperçu de leurs existences passées, constatent tout au plus 100 ou 150 vies, toutes humaines qui plus est. En général, ils pensent qu’il s’agit là de l’intégralité, et qu’ils n’ont donc jamais été un animal ou dans d’autres mondes. Or, d’après les écritures bouddhiques originelles, nous renaissons dans des mondes inférieurs et supérieurs, et ce, depuis des temps incalculables (certainement bien plus que 1 milliard à la puissance 10 de vies). Cette vision très limitée est probablement due à ce qu’ils accèdent seulement aux vies couvertes par leur gandhabba présent. Pour voir plus loin dans ses vies, il faut passer par les jhānas.

Dans la plupart des traditions religieuses, le gandhabba est pris pour une "âme", bien qu’il soit pourtant impermanent, conditionné pour durer un temps très éphémère comparé au nombre vertigineux de nos existences.

Pendant notre sommeil

Le saviez-vous ? Pendant notre sommeil, nous faisons tous – inconsciemment – l’expérience de la décorporation. En phase de rêve, notre gandhabba gambade ! Il sort du corps endormi et rôde dans les environs : dans la maison, sur la maison, dans le quartier, etc. Mais pour presque tout le monde, c’est inconscient et amalgamé avec les rêves. Pour le dormeur, rien ne diffère d’un simple rêve.

Nous devons alors participer malgré nous à de drôles de soirées durant nos nuits ; un mélange de gandhabbas dormeurs, de gandhabbas défunts et de fantômes en tout genre. Ces derniers sont des "esprits avides", que les textes bouddhiques nomment des petas et qui résultent d’attachements trop forts. Des humains déchus, en quelque sorte. D’ailleurs, les bouddhistes théravadins (ceux qui considèrent le gandhabba comme une vulgaire semence) qui ont la capacité de voir les gandhabbas les prennent pour des petas ! Des fantômes étonnamment élégants puisqu’ils sont connus pour être d’une laideur plus repoussante que le plus mal formé des humains, tandis que les gandhabbas se présentent sous leur plus belle apparence, une allure furieusement bien retouchée du meilleur de leur dernier corps humain.

Expérience personnelle
Depuis trois mois, une immense carte géographique couvre tout le mur de la chambre que j’emploie comme bureau. Il y a une semaine, je rêve que je me trouve devant cette carte et la vois se décoller, se tordre et tomber au sol. Je regarde cela impuissant, songeant au rude travail pour la fixer au mur. Le lendemain, quelle ne fut pas ma stupeur en la trouvant froissée et tout effondrée pour de vrai sur le parquet ! J’ai alors compris que pendant que mon corps dormait sur la mezzanine de l’autre côté de l’appartement, mon gandhabba se trouvait réellement devant la carte. J’ai d’ailleurs été réveillé à cet instant-là, par le bruit de chute et de froissement de la carte, que j’ai pris pour un bruit de tôle secouée par le vent. Cependant, avant de trouver la carte à terre, je percevais cette expérience comme un simple rêve.

Suggestion :

1er nov. 25

L’échappatoire ultime

Si vous n’avez pas déjà une certaine compréhension du Dhamma, ne lisez pas ce post, et je ne dis pas ça afin que vous le lisiez ! Et si vous êtes disposé à le lire, n’en parlez pas aux autres, les réactions peuvent être négatives, c’est presque inacceptable, tant cela peut être dur à entendre, cela bouscule trop le nid confortable dans lequel on tente de construire son existence…

C’est pourtant bien la réalité : La vie est une malédiction, une prison impitoyable à perpétuité, une grosse masse de problèmes, de soucis, de chagrins et de désaccords en tout genre, un piège qui embourbe les êtres dans la misère comme une trappe à sirop qui attire les mouches. La quasi-totalité des gens choisit de rester aveugle à cela, de se convaincre que "tout n’est pas si mal", préférant voir les petits plaisirs comme des miracles divins qui valent bien toutes les peines et atrocités du monde. Et c’est sans parler des mondes inférieurs, dont on admet généralement l’existence une fois qu’il est trop tard pour y échapper.

La bonne nouvelle, c’est qu’il existe cependant un moyen de s’en libérer. C’est d’autant plus une bonne nouvelle que n’importe quel humain peut échapper à cette calamité, à condition toutefois qu’il fasse le nécessaire.

Ainsi, d’après Bouddha, le moyen de sortir de ce bourbier, l’unique moyen, c’est de plonger son esprit dans la seule chose que tout le monde fuit en permanence, et qui cependant, est la plus évidente et la plus réelle de toutes : le moment présent. La plus importante de toutes les choses n’est donc rien d’autre que l’attention, c’est-à-dire la vigilance intérieure, la pleine conscience. Quand l’attention est pleine, on ne voit que ce qui est réel, c’est-à-dire ce qui apparaît à l’instant présent.

En résumé
La peine de prison de l’existence n’a jamais de fin, mais on peut s’en évader. On ne s’évade pas par la ruse ou la force, mais juste en acceptant pleinement d’être en prison, en la voyant telle qu’elle est.

Concernant les plus hauts accomplissements spirituels, nous trouvons des kilomètres – en épaisseur – de livres, de guides et d’articles, des enseignements des plus compliqués aux plus étranges, des traditions de tous styles et de toutes époques. Toutefois, il peut être sidérant de songer que pour arriver à nibbāna, la cessation de l’illusion, le terme du cycle des existences, la fin de toutes les insatisfactions, il suffit simplement et seulement de demeurer parfaitement attentif à ce qui est perçu par nos six sens, de manière continue.

Cela semble être d’une simplicité déconcertante, mais le mental est si "malade" que cet entraînement de l’esprit peut s’avérer plus ou moins difficile. Tous ceux qui ont déjà tenté de pratiquer la "méditation de l’attention" (vipassanā, satipattāhna, pleine conscience…) s’en seront vite rendu compte. C’est pourquoi, entre autres, sont indispensables :

  • la détermination
  • la persévérance
  • la patience
  • la confiance
 
Kassinou le détracteur
Attends… Il suffirait donc juste d’être conscient de ce qui nous est donné, à ressentir, à voir, à entendre… Ça se saurait si c’était si simple !

Et pourtant ! Mais personne ne veut y croire tant ça paraît simple, justement. Tout est là : il suffit de faire l’effort de ne plus en faire. Et comment sortir de l’aveuglement si ce n’est en étant parfaitement attentif aux choses telles qu’elles sont ? L’Éveil spirituel est la chose la plus facile qu’on puisse imaginer : aucune action, aucune réaction, aucun effort, aucun problème à résoudre, aucun combat à mener, aucune ambition ni attente à nourrir, mais seulement voir, juste voir comme c’est et comme cela a toujours été. L’unique problème, l’unique obstacle, c’est le mental malade, conditionné par les jugements, les interprétations biaisées, les peurs, les désirs de contrôle, de possession, de distractions…

La pleine attention continue sur ce qui est perçu permet donc à terme d’échapper à "la grande malédiction perpétuelle", mais entre temps, apporte d’innombrables bienfaits, et pas des moindres. Notamment (de A à N) :

  • Apaisement. Tout est plus calme, on n’entre plus dans les conflits.
  • Bienveillance. On perçoit plus de bien-être et on souhaite le partager. On voit également fleurir la gratitude.
  • Compréhension. On perçoit de mieux en mieux comment les choses fonctionnent ; l’esprit, le monde…
  • Détachement. On lâche prise de plus en plus sur tout. On est facilement content avec peu.
  • Équanimité. l’esprit est de moins en moins à la merci des émotions extrêmes.
  • Foi. Confiance en soi et dans le Dhamma.
  • Gains. Réussite dans ce qui est entrepris. Il ne s’agit pas d’avoir du succès dans les affaires, mais dans ce qui a une valeur authentique, comme l’aide, la pacification ou la résolution de problèmes d’ordre physique ou psychologique.
  • Honnêteté. On distingue clairement les dangers engendrés par le mensonge.
  • Intelligence. On développe la sagesse, c’est-à-dire une intelligence raisonnable, dépourvue de ruse, une intelligence qui connaît la réalité. L’attention directe est LE terreau la sagesse.
  • Justice. On perçoit mieux ce qui est juste, on est à même de prendre les bonnes décisions.
  • Karma. Grâce à l’attention vigilante, nos actes sont d’une haute qualité. Nous sommes donc protégés contre les devenirs défavorables.
  • Lucidité. On quitte doutes et confusions comme un avion quitte les nuages en décollant.
  • Meilleur. On est meilleur quoi que l’on fasse, grâce à une présence accrue sur tout ce qui se passe.
  • Nibbāna. Rien qu’à l’aide de l’attention pleine et directe, nous finissons par atteindre l’échappatoire ultime de tous les conditionnements.

Suggestions :

21 oct. 25

Méfiez-vous de la distraction !

Il existe une petite force qui peut vous donner un pouvoir immense. C’est la force de ne pas céder à la distraction. En effet, c’est avant tout la distraction qui fait obstacle au développement de la sagesse. Sans le désir de distraction, il n’y a ni ennui, ni attente. La distraction n’est qu’un vilain poison qui contribue aux attachements, à l’aveuglement et au sentiment d’insatisfaction.

La distraction peut nous assujettir partout. Pas seulement dans un spectacle, une vidéo ou une lecture, mais aussi dans les relations sociales, le bavardage, la compagnie (même animale ou même artificielle !), et y compris durant la méditation : à travers les pensées. Résister à la distraction n’a rien de surhumain ; c’est juste une question d’entraînement de l’esprit, ce qui requiert donc un minimum de détermination. C’est exactement comme la cigarette :

  • Une petite distraction ? Non merci, j’ai arrêté. Je ne veux plus avoir l’esprit enfumé.

Pour se libérer de l’intoxication du tabac, il est bien plus facile d’arrêter dans un environnement de non-fumeurs qu’au milieu de fumeurs. Pour s’affranchir de celle de la distraction, la solitude est de loin la meilleure condition. Si les sages de tous les temps font l’éloge de la solitude, c’est bien parce qu’elle est un terreau propice à la culture de la paix intérieure, rendu possible avant tout par l’abandon de toute forme de distraction.

L’autre problème avec la distraction, et pas des moindres, c’est qu’on est totalement en dehors de la réalité.

À l’âge de 22 ans, je me suis retrouvé pour la première fois de ma vie seul dans un appartement minuscule (prêté par l’ami d’une amie parti en congé), dans le XVe, à Paris. Jamais je n’avais alors entendu parler de bouddhisme, de spiritualité, ni même de méditation. À l’époque, mon unique intérêt était de faire la fête. Pourtant, même dépourvu de télévision et d’argent, et sans savoir comment survivre après avoir épuisé les rares denrées du minuscule frigo, jamais je n’avais ressenti un tel bien-être, une telle tranquillité. Après cela, je continuerai bêtement de fuir la solitude. Il me faudra encore quelque temps avant de réaliser que de loin, la plus belle des choses, c’est le silence, c’est-à-dire l’absence de compagnie et de distraction.

Aujourd’hui, je vis dans un village très paisible, seul à l’étage d’une petite maison. La fenêtre de la chambre donne sur le village, où l’on peut parfois apercevoir passer une personne ou une voiture. Je préfère m’installer devant la fenêtre de la salle à manger, qui donne sur la ruelle, mais dont on distingue seulement le mur de la maison d’en face. La raison ? Cela offre moins de distraction ! Moins l’esprit est distrait, plus il est paisible. N’importe quel ascète préférera avoir en face de l’entrée de sa grotte un rocher plutôt qu’une vue sur le village voisin. Et quand on médite, où que l’on soit, le paysage demeure toujours le même : l’intérieur de ses paupières.

Le jour où vous comprenez que la distraction ne sert qu’à vous déconnecter de la réalité et à vous faire tourner en rond, vous vous en détachez le plus naturellement du monde.

La capacité à se passer de la distraction, c’est l’assurance du respect d’une bonne vertu. Car si vous parvenez à renoncer à la distraction (donc à la musique, à la télévision et aux arts), vous pouvez renoncer d’autant plus facilement à la méconduite sexuelle, à la consommation d’alcool, au vol et au mensonge.

L’abandon de la distraction donne le pouvoir immense d’être pleinement conscient, de vivre et de comprendre chaque instant pour ce qu’il est, de prendre toujours les bonnes décisions et d’être à l’abri de ce qui afflige les inconscients : le besoin et le danger.

Suggestion :

9 oct. 25

Les cheveux

Quand je vais faire les courses, je m’empare de mon sac à dos et de mes deux bâtons, puis parcours huit kilomètres de montagne recouverte de forêt. De l’autre côté de la montagne, tout en bas, le sentier forestier me laisse juste en face d’un grand supermarché devant lequel se trouvent des tables de pique-nique sur de l’herbe et sous l’ombre de quelques arbres. Je me pose là pour y casser la croûte. À l’une des tables, deux femmes savourent une pause sandwich. Leur uniforme montre que ce sont des caissières du supermarché. Signe évident qu’elles ne sont pas en service : leurs longs cheveux, bruns pour l’une, châtain pour l’autre, sont totalement détachés.

Comme je l’ai souvent constaté, le détachement des cheveux et leur longueur se présentent comme une marque de liberté. Il existe bien sûr des cas qui contredisent ce fait, tout comme le fait que les cheveux poussent bien moins vite qu’on ne peut parfois accéder à la liberté. Dans son temps "libre", on lâche plus facilement sa chevelure. À l’inverse, typiquement dans le monde professionnel, une coupe courte est exigée pour les hommes et la chevelure soigneusement attachée pour les femmes – ce qui revient en quelque sorte à les raccourcir ou à les cacher. Et plus le métier consiste à recevoir des ordres, donc à laisser moins de place à la liberté, et plus le cheveu devra être coupé court : employé d’une grande chaîne, policier, militaire…

Qu’on ne s’y trompe pas, s’il est presque impensable de trouver un grand patron ou même un chef d’État avec une longue tignasse, c’est bien la preuve que ces gens-là sont loin d’être libres. Sous le joug de lourdes responsabilités, coincés par des codes à suivre et des attentes à satisfaire, les plus grands décideurs ne connaissent pas la liberté. Imaginez que le président de la République rêve d’avoir les cheveux longs jusqu’aux hanches… Pensez-vous qu’il oserait renoncer à aller chez le coiffeur ?

Si nous examinons les êtres qui vivent librement, sans règlement complexe, loin de toute obligation, nous pouvons observer des chevelures et barbes aussi luxuriantes que la végétation sauvage : les peuples d’Amazonie, les sadhous indiens, les hippies… Si l’on se penche sur la période moyenâgeuse, faut-il aussi évoquer la longuissime chevelure des chevaliers et celle des sages chinois ? On peut même remarquer, quelle que soit l’époque, que les plus libres d’entre tous, comme les ascètes qui ont renoncé à tout, non seulement leurs cheveux sont longs et détachés, mais pas même coiffés !

Dans les années 70 et 80, les cheveux étaient beaucoup plus longs que de nos jours. Question de mode ? La mode n’est pas le fruit du hasard. Il peut paraître évident que dans ces années-là, loin du contrôle numérique, de l’effacement de la diversité, des interdictions multiples et des censures intempestives, le vent de la liberté soufflait plus fort.

Que penser des perruques arborées par les bourgeois des siècles passés et par les magistrats encore actuellement ? S’agirait-il d’une façon d’exhiber une liberté feinte ? À vous d’en juger !

Pour parler de mon cas personnel, tant que je vivais chez mes parents, assez autoritaires, naturellement, mes cheveux étaient plus courts que les poils d’une brosse. Quelques mois après mon envol, j’ai commencé à vouloir une queue de cheval derrière la tête. Pendant des années, j’ai laissé mes cheveux recouvrir mon dos, simplement parce que je me sentais libre, non pas par passion capillaire. Et lorsqu’on m’a incarcéré à la prison centrale de Mandalé, j’ai été contraint de me faire tondre. Plus de liberté, plus de cheveux ! (Cette phrase est valable dans les deux sens : en prononçant les "s" de "plus" ou sans les prononcer).

Kassinou le détracteur
Admets que ton point de vue est un peu radical, quand même ! Souvent, quand on entretient des cheveux courts ou bien attachés, ce n’est pas par manque de liberté, mais pour donner une bonne image, propre et soignée.

Tant qu’on accorde de l’importance à l’image qu’on donne, n’est-ce pas la preuve d’un manque de liberté ? Chez celui ou celle qui est esclave de l’opinion des autres, où est la liberté ?

Kassinou le détracteur
Est-ce qu’on ne peut pas se couper les cheveux simplement par goût ?

Certes, mais force est de reconnaître que, comme par hasard, les personnes au mode de vie très libre ont plus souvent le goût des cheveux longs et lâches, et celles dont le quotidien est plus strict, caractérisé par des obligations nombreuses, apprécient plus fréquemment des coupes courtes pour les hommes et aux cheveux domptés pour les femmes.

Kassinou le détracteur
Au fait, les femmes ont en moyenne les cheveux nettement plus longs que les hommes. D’après toi, ça signifierait donc que les femmes sont plus libres ?

Exactement ! Elles sont moins accrochées au pouvoir, moins soucieuses d’avoir un compte bien rempli ou une voiture imposante. Aussi, elles choisissent bien plus facilement leur mâle que les mâles choisissent leur femelle. Elles sont donc généralement moins prisonnières du sentiment de compétitivité. Cela dit, beaucoup de femmes loin d’incarner la liberté sont parées d’une longue chevelure, c’est aussi un attrait fort de la séduction féminine.

Distinction féminine mise à part, le degré de liberté d’une communauté – ou d’un individu – peut se mesurer par la longueur et le lâchement de leurs attributs capillaires.

Kassinou, qui adore se moquer
Oui, surtout les moines bouddhistes ! Dire qu’ils ont la réputation d’être les plus libres ! Arf !

Je l’attendais, celle-là ! Il y a justement là un paradoxe intéressant. Même si un moine est bien plus libre qu’une personne encore investie dans "les choses du monde", il est en même temps plus conscient que quiconque d’être encore dans "la prison du cycle des existences" (sāmsarā), il sait que la condition humaine n’offre pas de véritable libération. Avant la Libération ultime (nibbāna), il sait qu’il convient de faire preuve d’une discipline infaillible.

L’une des scènes les plus appréciées d’un de mes films – Le Grand Héritage – montre l’héroïne qui, s’échappant d’un monastère à la discipline stricte, se sentant enfin libre, assise à l’arrière d’une mobylette filant à vive allure, relâche sa longue chevelure qui flotte au vent. À la fin du film, quand elle comprend que la chose la plus bénéfique qu’elle puisse faire est de renoncer au monde et d’observer une pleine vigilance accompagnée d’une grande discipline intérieure, elle se fait raser le crâne tout lisse afin d’embrasser la noble vie de nonne.

Suggestions :

1er oct. 25

Être ou ne pas être dans le monde ?

Vous avez le choix :

  • Être dans le monde, jouissant de la vaste variété des expériences que l’on y trouve – mais il faut aussi en subir les conséquences.
  • Renoncer au monde, afin d’accéder à une paix qui dépasse de loin ce que vous avez pu expérimenter de "mieux".

Lorsqu’on voit un renonçant, on constate, qu’à l’instar de tout être humain, il lui faut manger, se protéger du froid, se soigner des maladies. Alors après tout, on peut s’interroger : un renonçant est-il ou pas dans le monde ? À la fois, la réponse est oui et non.

Oui, en tant qu’être humain, il est pourvu d’un corps qui a besoin d’être entretenu : alimenté, protégé des intempéries, soigné des maladies, etc. Aux yeux de la plupart, un tel être est considéré faire partie du monde. Selon celui qui l’aperçoit, il sera perçu – entre autres – comme :

  • un ermite misanthrope
  • un marginal
  • un individu comme les autres
  • un mendiant
  • un fou
  • un malade mental
  • un cas social
  • un parasite

Dans le meilleur des cas (le plus proche de la réalité), une personne qui comprend son choix de vie, en plus d’éprouver du respect, le verra comme un renonçant, un moine, un ascète. Il sera capable de percevoir la noblesse de son mode de vie.

Non, un renonçant n’est pas dans le monde, dans le sens où il ne s’investit plus dans rien, n’a plus de désir ou d’attachement pour quoi que ce soit, plus le souhait d’expérimenter des choses (découvrir des lieux, des sensations, des nourritures, rencontrer des personnes…). Il n’a plus sa place dans le monde et c’est pourquoi il y renonce. Éteinte en lui est la volonté d’expérimenter le monde de la matière, tout comme le monde immatériel, d’ailleurs !

Kassinou le détracteur
Mon pauvre isi ! Parce que tu te figures peut-être qu’en lisant ça, tes lecteurs vont se dire : « Tiens, quelle bonne idée ! Allez hop ! Pour goûter à une super paix, je vais renoncer à ma bagnole, à ma baraque, à ma femme, à mes fêtes entre amis, à mes jeux, à ma musique… » ?

Ce n’est jamais tout noir (100 % consommation des plaisirs) ou tout blanc (100 % renoncement). Ceux qui ont saisi qu’il existe quelque chose au-delà de l’obscurité du monde des désirs sont tous dans le gris, un gris plus ou moins sombre ou plus ou moins clair. Le chemin vers la paix prend du temps et chacun peut choisir d’injecter facilement un peu plus de renoncement dans son existence.

À force de s’alléger de la sorte, arrive un jour où le renoncement devient sa priorité sur tout le reste. On peut alors considérer que l’on n’est plus dans le monde, ou seulement très peu. Quand le renoncement devient complet (100 % blanc), on accède à l’accomplissement ultime.

Kassinou le détracteur
Quand on est pauvre, on galère déjà grave pour survivre. Alors si on renonce à tout, on crève la misère !

C’est la convoitise – c’est-à-dire l’opposé du renoncement – qui fait toute la difficulté de l’obtention des nécessités. Et cette difficulté s’évapore en même temps que la convoitise. Ce n’est pas magique, c’est chimique !

Métaphore
De même que les terres stériles sont délaissées et que les terres fertiles attirent les planteurs, les esprits avides des êtres pauvres sont abandonnés à leur sort, et les esprits détachés attirent une protection universelle.

Ainsi, par vénération, pitié ou obligation, les besoins vitaux sont naturellement fournis à un être qui renonce au monde. Il n’a plus le souci de sa subsistance. Il peut ainsi se consacrer librement à sa pratique de renoncement, de vigilance, de méditation. D’une manière ou d’une autre, il vit épargné par le manque et la précarité extrêmes.

Kassinou le détracteur
Tiens ! Cette fois, tu nous balances pas l’une de tes affirmations favorites ? À savoir : "Celui qui renonce aux plaisirs sensoriels renonce également à toutes les contraintes qui vont avec".

Non, mais je te remercie pour t’en être chargé.

Kassinou le détracteur
Trop facile de renoncer au boulot !

Si tu renonces au boulot, il faut aussi renoncer à ce dont tu parlais avant : la bagnole, la baraque, la femme, les fêtes entre amis, les jeux, la musique… Mais en fait, la question du renoncement au travail ("rémunéré et obligatoire" faut-il préciser, car un renonçant travaille en fait beaucoup plus que les autres). C’est en renonçant au monde que naturellement le travail obligatoire, le travail "contraignant", ne s’imposera plus à toi.

Selon le pays, l’époque, les traditions dans lesquelles le renonçant évolue, sa protection lui sera fournie de diverses façons, en fonction de la considération et des croyances des personnes croisant son chemin.

Voici quelques différentes motivations de support envers ceux qui ont lâché prise sur le monde, classées de la plus juste et la plus récompensée, à la plus erronée et la moins récompensée :

  • Respect pour la noblesse du renoncement
    « Je comprends que son mode de vie est noble, alors je le soutiens avec joie. »
  • Encouragement pour l’austérité
    « Il a choisi une vie rude, je l’admire. »
  • Compassion pour qui est dans le besoin
    « Il est sans ressources, je veux l’aider. »
  • Superstition religieuse
    « Si je donne à un moine, j’augmente mes chances de renaître au paradis. »
  • Pitié envers qui est perçu comme un vulgaire mendiant
    « Ce clochard me fait de la peine. »
  • Obligation administrative (aide sociale instituée par la loi)
    « Mes impôts contribuent à nourrir ce parasite qui ne fabrique rien à l’aide de ses mains. »

Dans une société ultra individualiste, où tout encourage l’égocentrisme et la vénération de la position professionnelle, les besoins du renonçant sont fréquemment assouvis par l’aide sociale de l’État, rarement par le don spontané. Dans un tel cas, personne ne bénéficie du mérite considérable de soutenir matériellement et volontairement un renonçant. Pour le renonçant, cela ne fait aucune différence, puisqu’il ne s’attache à rien, donc pas non plus à la façon dont son corps est maintenu en vie. De ce fait, sa gratitude est dirigée avant tout à l’Univers entier, qui contribue d’une façon ou d’une autre à le soutenir dans sa noble tâche.

Voulez-vous avoir une idée précise de ce que l’on ressent en étant en dehors du monde ? Lorsque vous êtes en méditation, par exemple, ou dans un moment de pleine relaxation, sans pensées ni réflexions, vous n’êtes pas dans le monde. Voilà ce que signifie être en dehors du monde. À l’inverse d’un être mondain qui pratique la méditation, et qui ne tarde pas à se laisser reprendre par les choses du monde une fois ressorti de sa méditation, le renonçant, quand il sort de sa méditation, demeure en dehors du monde, son esprit étant seulement habité par le lâcher prise et la vigilance de l’instant présent.

Il y a toutefois un paradoxe. C’est en demeurant plus que quiconque vigilant dans l’instant, donc pleinement conscient du monde, que le renonçant n’est pas dans le monde, dans le sens de "pris par le monde, ses affaires, son effervescence".

Suggestion :

20 sept. 25

Combien de temps voulez-vous encore jouer ?

Le monde entier n’est qu’un jeu. Un jeu auquel chacun tente d’imposer ses règles. Un jeu parfois drôle, mais souvent pas drôle.

Les sages sont ceux qui ont compris que la seule façon de gagner, c’est d’arrêter de jouer.

Suggestions :

9 sept. 25

N’attendez plus !

Imaginez un fou qui investit toutes ses pensées, toute son attention et toute son énergie à des choses qui n’existent pas, plutôt que de les consacrer à son existence. Eh bien c’est exactement ce que nous faisons tous et tout le temps !

Bien rares sont ces instants que nous prenons tels qu’ils nous sont donnés et qui comportent toutes les richesses et toutes les clés de l’accomplissement intérieur. Misérables sommes nous de préférer un instant illusoire, une vie qui n’existe pas ! Alors nous nous perdons dans une réalité imaginaire, nous nous noyons dans des expectations sans fin. Auto-convaincus qu’avec "ceci" ou "cela", qu’avec "lui" ou "elle", tout sera mieux, nous sommes les artisans − à notre propre insu − de toutes nos contraintes. Nous gâchons tout avec nos innombrables attentes, alors qu’il suffit juste de ne rien attendre !

Car oui, c’est l’attente − donc le désir, l’attachement, l’avidité, le contentement (l’incapacité de se contenter de ce que la vie nous apporte) − qui génère tous nos malheurs.

Notre course après le plaisir est continuelle. À tel point que lorsque nous parvenons à obtenir une chose ou une situation que nous avons tant espérée, nous l’ignorons ; nous n’y prêtons même plus attention, tant notre esprit est occupé par les autres attentes qui nous accaparent.

Naturellement, quand on parle de cultiver un esprit libre de toute attente, cela concerne tout autant l’accomplissement spirituel. Aussi longtemps que nous guettons les conditions qui permettent la compréhension complète du « grand mystère de la vie », la Sagesse profonde ne demeure qu’un lointain fantasme. C’est quand on se désintéresse du monde qu’il devient véritablement intéressant.

La vie a toujours été et sera toujours une suite de moments excitants et de moments douloureux. À quoi bon se fatiguer à remuer le bourbier ? Il n’y a qu’à le contempler et les problèmes finissent par s’évanouir d’eux-mêmes. Il n’y a qu’à immobiliser l’esprit et les choses importantes viennent à soi d’elles-mêmes. Il suffit de ne rien attendre. En plus de gagner un esprit en paix, on ne manque de rien. Alors, dans les deux sens du terme : pourquoi attendre ?

Je ne parle pas simplement de ce que Bouddha nous a enseigné, mais surtout de ma propre expérience, de ce que je constate directement, depuis longtemps et de plus en plus. Pas encore totalement parce qu’il m’arrive d’avoir quelques attentes et quelques irritations qui, les unes comme les autres ne sont que des aveuglements qui empêchent de voir la réalité. En tous les cas, mes attentes deviennent de moins en moins nombreuses et je m’en porte de mieux en mieux, mon existence est de plus en plus paisible, et tout devient de plus en plus clair dans mon esprit.

L’Éveil n’est pas un flash qui survient subitement, comme par magie. C’est le résultat d’un cheminement progressif. Après avoir lâché tous les attachements, l’esprit est en mesure de lâcher le dernier, le plus subtil : l’attachement au fait d’être conscient. C’est comme découvrir l’étage supérieur en montant la dernière marche, mais avant cela, il faut gravir une à une toutes les autres depuis la première.

Telle est ma philosophie : Ne plus avoir d’attente, demeurer ici, présent à ce qui est, cultiver un esprit bienveillant, juste et détaché en toute situation. Mon mode de vie est on ne peut mieux résumé par ce moine Zen :

Citation d’un maître Zen
Avoir un but est une maladie de l’esprit.
Vous n’avez pas besoin d’avoir un but si, ici et maintenant,
vous vous concentrez sur ce que vous faites.
Ouvrez les mains, et vous recevrez tout, même les biens matériels.

Alors si, à l’instar de 100 % des êtres vivants, vous recherchez le pur bonheur, qui ne peut éclore qu’au renoncement de toute attente, vous savez ce qu’il vous reste à faire…

Suggestions :

20 août 25

La nostalgie

Une couche de misère

Qu’est-ce que la nostalgie, sinon une couche de misère supplémentaire que l’on tartine sur la misère déjà présente dans l’existence ? Ne s’agit-il pas d’un souvenir qui paraît agréable, que l’on souhaite revivre, mais qu’on ne le peut plus, puisque c’est chose révolue, généralement enfouie dans un lointain passé ? La nostalgie peut aussi être vue comme un espoir à l’envers. On espère quelque chose, mais une chose déjà passée, qui a disparue et qui ne se reproduira plus. Et même si d’une façon ou d’une autre, cela revient, ce ne sera de toute manière pas comme avant, pas comme le souvenir que l’on désire tant revivre.

Qu’est-ce que donc la nostalgie sinon de l’ignorance à 200 % ? Un double aveuglement, car d’une part on s’accroche à un désir, donc à un vent de souffrance, et d’autre part, à un événement trépassé dont on sait qu’on ne revivra pas, donc à la souffrance du manque et du regret.

On sait que le sage établit son esprit tant que faire se peut dans l’instant présent. Il est donc évident que de s’encombrer avec de vieilles pensées, avec des souvenirs morts, avec des sensations évanouies dans les abysses du temps, constitue un manque de sagesse.

Bouddha a dit :
Aucun instant de vie, dans quel type d’existence que ce soit (donc y compris dans les plus hautes béatitudes), ne vaut la peine d’être vécu.

Naturellement, cela est d’autant plus vrai en ce qui concerne les souvenirs, qui ne sont que des pensées brodées dans la vieille laine des événements passés. Si l’esprit s’attache à un vieux souvenir, c’est non seulement parce qu’il voit comme une chose souhaitable ce qui ne l’est pas, mais aussi parce qu’il le filtre et le distort de façon à le rendre merveilleux, immaculé, parfait.

Contemplez vos meilleurs souvenirs

Essayez de prendre comme exemple une lointaine période de votre vie qui peut susciter en vous de la nostalgie : Tel quartier de votre enfance où vous avez vécu dans les années 60, 80, début 2000… où l’on vivait dans une telle insouciance, où les gens se réunissaient et s’entraidaient facilement, sans être constamment absorbés par leurs petits écrans… Les récréations à l’école, avec ses jeux de billes et de marelles… Le village si paisible des grands-parents, avec ce grand jardin plein de grosses tomates odorantes, toutes ces framboises, les ânes au poil doux comme du velours et les montagnes de bottes de foin entre lesquelles tant de choses se sont vécues…

Quel que soit le souvenir que vous avez choisi, aussi souhaitable vous paraisse-t-il, vous serez bien forcé(e) d’admettre qu’au moment où vous les avez vécu, vous n’étiez pas dans une extase constante, songeant à longueur de journée : « Quel privilège j’ai de vivre une période aussi formidable ! » Si vous méditez soigneusement sur ce souvenir, vous verrez qu’il est voilé par deux idées fausses.

1re idée fausse

L’aspect agréable sur lequel vous vous attachez ne représente que de brèves sensations, des détails, des choses que vous n’avez plus expérimenté depuis longtemps, qui ne tarderaient pas à retomber dans la banalité si vous aviez l’opportunité de les ré-expérimenter, et qui d’ailleurs passaient tout à fait inaperçues à l’époque où elles étaient à votre portée.

2e idée fausse

Quand l’esprit baigne dans la nostalgie, il voit tout en rose, « Tout était mieux à cette époque ! » Il y a focalisation sur ces tendres sentiments ressentis à l’égard de ces éléments isolés qui nous plaisent à nous remémorer, comme si à cette époque, l’esprit ne connaissait rien d’autre que ces sentiments plaisants.

C’est bien évident, si d’un coup de bagette magique l’on pouvait nous renvoyer revivre cette époque pour laquelle le mental perçoit tant de nostalgie, on se retrouverait aussi mécontent qu’un inocent qui se retrouve écroué pour une longue peine de prison. Nos perceptions étaient si différentes et nous avons oublié tant de choses, surtout ces nombreux détails que nous détestions tant.

Conclusion

La réalité – un peu de méditation et d’introspection suffit à le constater –, c’est qu’avant ce n’était pas mieux, pas pire non plus, et qu’après ce ne sera pas pire, pas mieux non plus. Quelle que soit l’époque, il y a des choses perçues agréables et des choses perçues désagréables. Aussi, nous expérimentons ce que nous devons expérimenter. Ce que nous avons vécu par le passé avait une nécessité lorsque nous le vivions, cela n’a plus de sens aujourd’hui. C’est pour cela que chaque instant qui passe est le seul qui compte, c’est le seul digne d’intérêt puisque le seul qui nous donne l’opportunité de nous accomplir. Les instants à venir n’existent pas encore, et les vieux instants ne font que nous embourber dans la misère déjà suffisamment pesante de notre condition d’être conscient.

En résumé, la vie a toujours et sera toujours un grand tas de misère à laquelle la seule chose qui vaille est de faire de son mieux pour s’en délivrer. Néanmoins, faut-il un minimum de sagesse pour être en mesure de le comprendre !

Mon expérience personnelle

Si je devais ajouter un mot de ma propre expérience…

Voilà trois semaines que je me retrouve seul, totalement isolé dans un village paisible où je ne sors que pour aller faire les courses ou marcher dans la montagne. Après de longues périodes à fréquenter beaucoup de monde et effectuer de nombreuses activités (faire des films, jouer avec les enfants, voyager…), je pensais que j’allais faire face à une période de vide, tiraillé par le manque. Or, je ne ressens aucune nostalgie, pas le moindre regret pour une période passée. Je réalise que je demeure vigilant sur toute la misère incluse dans ces périodes passées, que rien ne peut rivaliser en qualité d’esprit avec mon existence présente, libre de toute futilité et encombrement, composée seulement de calme, de présence et de détachement. Établi dans le comportement juste, mon esprit ne connaît ni ennui ni vouloir (qu’il en soit autrement, qu’il y ait de la distraction…). Plus que jamais, je me trouve en accord avec ce que la vie me donne – ou ne me donne pas ! – et de ce fait, je me manque de rien ; ni de nourriture, ni de confort.

Qu’est-ce que j’appelle "le comportement juste de l’esprit" ?

Le comportement juste de l’esprit

  • la vigilance dans l’instant
  • le contentement (se satisfaire de peu)
  • la gratitude pour ce qui m’est donné
  • ne pas vouloir ce que je n’ai pas
  • éviter les distractions
  • ne jamais sombrer dans le laisser-aller, même quand il n’y a rien à faire
  • l’acceptation de toute situation
    (celui-là n’est pas toujours évident !)

Kassinou le détracteur
Que de belles paroles ! Pourquoi je t’entends râler, parfois ? Pourquoi je te sentais inquiêt, quand il ne restait que 7 centimes sur ton compte et que l’aide sociale avait cessé de te parvenir ?

Peux-tu me rappeler quand ai-je dit être quelqu’un de parfai­tement accompli ?

Suggestion :

22 juil. 25

Le désir n'en vaut pas la peine

Lorsqu'on obtient quelque chose que l'on désire, ce désir pour cette chose cesse, et fort heureusement, parce que le désir engendre toujours de la souffrance (puisqu'on veut quelque chose qu'on ne peut pas avoir sur le moment). Alors si le désir persistait à l'acquisition d'un objet, la souffrance serait interminable. On serait alors tous contraints à devenir rapidement des ascètes nus et chastes, ce qui ne serait peut-être pas plus mal, après tout !

Cependant, le désir pour un objet que l'on possède déjà peut refaire surface, dès qu'on se retrouve éloigné de cet objet, où que les choses ne vont pas comme on le souhaite avec ce dernier.

Quoi qu'il en soit, les êtres font tout pour collectionner les souffrances. Non seulement ils accumulent les désirs comme un aspirateur accumule les grains de poussière, mais de nombreux désirs naissent tandis que d'autres ne sont pas encore satisfaits. Et le problème, c'est que la plupart ne le seront jamais.

Nous sommes nombreux à croire que le désir n'est pas une si mauvaise chose que ça. En fait, le désir est si vicieux qu'il parvient à nous faire croire qu'il est agréable, en se parant de pointes de plaisir, comme un dessert empoisonné couvert de paillettes de chocolat. Le désir à purement parler, est à la fois un aveuglement, une frustration, une attente, une crainte et un voile sur ce qui se passe dans la réalité, donc sur toutes sortes d'opportunités propices qui ainsi, passent à la trappe.

En outre, la possession apporte de nouvelles souffrances : des craintes, des efforts et des complications, dus à son entretien, sa surveillance, son vieillissement, ses dommages et sa perte.

Un bon moyen d'éviter les souffrances inhérentes à la possession, c'est de limiter les possessions. Un bon moyen de limiter les possessions, c'est de limiter les désirs. Le bon moyen de limiter les désirs – et toutes les frustrations qui l'accompagnent – , c'est de réfléchir en profondeur sur ces désirs. Comment y parvenir ? Une façon efficace consiste à lancer un regard en arrière, puis un autre en avant.

Le regard en arrière, c'est une réflexion sur une chose que vous avez fortement désirée et récemment acquise, en se posant par exemple les questions suivantes :

  • Est-elle si indispensable que ça à mon existence ?
  • L'attente et la difficulté à l'obtenir en valaient-elles la peine ?
  • Est-ce qu'elle m'est si bénéfique que ça ?
  • Quels problèmes m'apporte-t-elle ?
  • Quelles sont les craintes qu'elle génère ?
  • Quelles pertes m'a-t-elle occasionné ?

Concernant le regard en avant, même Kassinou est capable de le comprendre, donc je lui laisse la parole.

Kassinou, qui ne veut pas
perdre la face

Rien qu'en y pensant, la plus belle chienne du quartier me fait baver d'envie. Mais c'est sûr, si un jour elle devient mienne, j'en verrai de toutes les couleurs ! Elle fera de moi son esclave, je détruirai ma santé à satisfaire ses caprices insatiables, il me faudra toujours lui fournir de gros os bien frais, sous peine de la voir bouder et se refermer comme une huître, il me faudra endurer les crasses de tous les jaloux du quartier, je vivrai constamment dans la crainte de la perdre, et sans doute tant d'autres choses que je ne peux pas imaginer maintenant. Et bien sûr, le jour de notre séparation, je souffrirai le martyre, ma douleur sera inconsolable. En y songeant bien, aucune chienne ne vaut une seule goutte de ma bave !

Bravo mon vieux !

Suggestion :

1er juil. 25

L’enseignement de Bouddha n’est pas fait pour nous !

Tant que, à bord d’un engin spatial, vous ne vous éloignerez pas suffisamment de la Terre en faisant le tour, vous ne pourrez pas acquérir la certitude que celle-ci est sphérique. Cependant, ayant effectué des vols de long-courriers, ayant eu des appels vidéo de nuit avec un correspondant sous le soleil, ayant lu ou entendu les explications de scientifiques qui semblent fiables, vous avez acquis la conviction que la Terre n’est pas plate, à tel point que vous pourriez parier votre tête avec le sentiment de ne prendre aucun risque, n’est-ce pas ?

Il en va de même avec mon expérience de l’enseignement de Bouddha.

Rares sont ceux qui peuvent aller dans l’espace et voir la Terre en un coup d’œil. De la même façon, rares sont ceux qui ont la capacité de réaliser l’enseignement du fondateur de la toute première communauté monastique. Si mon expérience ne m’a pas conduit à "voir cet enseignement en un coup d’œil", elle m’a néanmoins permis de comprendre qu’il est si profond et si subtil qu’il s’adresse à des êtres spirituellement extrêmement avancés. J’ose même affirmer qu’il n’a guère d’utilité pour ceux qui ne sont pas capables de s’absorber en méditation profonde (jhāna). Parce que oui, selon moi, tant qu’un individu a le souci d’un mode de vie pacifique, honnête et modeste dans ses désirs, et ne s’embourbe pas dans une dévotion excessive pour quelque "entité céleste", quelles que soient ses vues (religion, philosophie, enseignement spirituel, intuition…), cela revient globalement au même.

Imaginez une autoroute qui relie une ville au pied d’une montagne. Depuis le pied de la montagne, partent divers sentiers. Certains ne montent pas, certains montent un petit peu, mais un seul mène au sommet.

Bien que je consacre ma vie à observer pieusement les recommandations de Bouddha (celles que je peux en tout cas), je ne suis encore que "sur l’autoroute".

Vous avez probablement lu un tas de discours (suttas) où, ayant à peine entendu quelques phrases de l’un ou l’autre des plus grands disciples de Bouddha, un individu passe soudainement du stade de détracteur et sceptique incurable à celui de convaincu, se prosternant et demandant : « Veuillez m’accepter comme disciple ! »

Moi, quand j’ai une conversation sur les choses de l’esprit avec une personne non bouddhiste, mes arguments ne trouvent pas écho. Quand j’expose ma – pourtant très claire – vision des choses, cela a parfois l’effet d’épaissir la confusion dans l’esprit de mon interlocuteur.

Naturellement, la différence entre les grands moines du passé et moi est semblable à celle qui sépare une véritable étoile du simple dessin d’une étoile. De plus, ceux qui faisaient l’objet de telles conversions spectaculaires étaient déjà dotés d’une maturité spirituelle latente exceptionnelle. Tant que nous sommes "sur l’autoroute", il est vain de chercher à prôner quoi que ce soit ! Contentons-nous d’abord de rouler prudemment jusqu’au pied de la montagne !

Si les livres de moines mondialement célèbres – qui n'adoptent même pas la discipline et la pratique exposées par Bouddha – se vendent des milliers de fois plus que les discours de Bouddha lui-même, c’est parce qu’ils sont adaptés à ceux qui ne peuvent que "rouler sur l’autoroute". À propos, il existe des auteurs qui exposent de façon remarquable le processus qui conduit vers le Noble sentier, tels que : Arnaud Desjardins, Jack Kornfield, Ajahn Brahm, Thierry Falissard... Dans ses enseignements, Bouddha s’est surtout concentré sur le dernier sentier qui mène au sommet. Pourquoi aurait-il perdu du temps avec la route toute défrichée que tout le monde connaît déjà ? Je vous le dis sans détour : l’enseignement de Bouddha n’intéresse personne ! Je parle bien sûr de sa version originelle, celle qui s’adresse à ceux qui ont déjà renoncé à tout, non de celle des livres que vous trouvez dans les magasins d’encens, de statuettes et de coussins de méditation à 99 €.

Je ne suis donc pas capable de montrer le sentier montagnard que je n’ai pas arpenté, mais seulement de répéter des discours des êtres éveillés du passé ou, plus ou moins comme je l’aurais probablement fait si j’avais appartenu à une autre tradition religieuse ou philosophique, d’exposer mon expérience, mes compréhensions sur les bénéfices du renoncement (qui est très lié à la générosité, dāna) et ceux de la vigilance consciente, ainsi que sur la stérilité de toute forme de rituel ou de prière.

Un être Éveillé ne perd jamais un instant avec quelqu’un qui n’a pas la capacité de saisir le processus qui conduit à la libération spirituelle. Voilà pourquoi les arguments des enseignants du dhamma résonnent souvent dans le vide. Non seulement parce qu’ils ne sont pas éveillés, mais aussi parce qu’ils perdent du temps avec des êtres qui ne peuvent (ou ne veulent) pas entendre. On croit souvent – à tort – qu’il suffit d’expliquer ce qu’on a compris pour que les autres le comprennent.

Ainsi, presque personne ne peut comprendre ce que Bouddha a enseigné, ou plus exactement ce qu’il a hésité à enseigner, sachant bien que presque personne ne serait capable de le saisir. Mon aide demeure donc superficielle, puisque je suis moi-même incapable de saisir l’essentiel de cet enseignement.

Kassinou le détracteur
Si je comprends bien, même pour toi, l’enseignement de Bouddha, c’est de la confiture aux cochons ?

Parfaitement, Kassinou. Un peu comme un chien qui écouterait du Montaigne et qui affirmerait que c’est de toute beauté. Il ne comprend pas un seul mot, mais il apprécie le ton de la voix de son maître qui lui lit des passages de ce grand écrivain.

Cela dit, le sentier de Bouddha contient des repères précieux, utiles dès "l’entrée de l’autoroute", comme :

  • Il n’y a rien à croire, seulement à comprendre par sa propre expérience.
  • Chacun est responsable de ses actes, on finit toujours par récolter ce qu’on a semé.
  • L’existence n’est pas en mesure d’apporter une satisfaction durable, mais il existe une issue définitive lorsque le travail a été totalement accompli.
  • Plus on se détache, plus on est protégé, moins l’on a à se soucier de quoi que ce soit.

Suggestions :