Des traditions stériles
Imaginez le grand rallye Paris-Dakar... Des hommes vêtus de tenues de pilote immaculées posant devant des carcasses de bolides plantées dans la dune artificielle d'un studio. Les véhicules sont dépourvus de roues, ils n'ont pas même un moteur, seulement une magnifique carrosserie, de splendides pare-chocs chromés et de beaux phares éteincelants. La plus belle de ces photographies est sélectionnée et publiée sur le journal avec le titre "Vainqueur du Paris-Dakar".
Voilà exactement ce qu'est devenu le bouddhisme aujourd'hui, sans exagération aucune ! Ignorant et délaissant totalement ce que le Bouddha a recommandé de faire et d'éviter pour parvenir à la Délivrance, les moines (ou plus exactement les individus qui n'ont de moine que l'apparence physique) ne font que s'attacher à des traditions stériles dont les pratiques superstitieuses sont des couches d'illusions qui ne font que s'additionner à celles des perceptions ordinaires. Aussi, ces traditions sont très complexes.
Et pourtant ! La voie enseignée par le Bouddha est si simple, si limpide ! Pourquoi consommer des enseignements transformés, alors que celui du Bouddha est si naturel, si sain, si juste ? Parce que, hélas, l'aveuglement humain fait que les exhortations de la famille, des amis, de ce qui a une apparence religieuse, a toujours plus de poids qu'un enseignement ancien, tout parfait soit-il.
La pratique que le Bouddha nous recommande de suivre ne concerne que des choses pleines de bon sens et redoutablement efficaces pour cheminer vers la compréhension des choses et le détachement complet.
Rares sont les centres et monastères où l'enseignement du Bouddha est respecté. Ne nous fions pas aux traditions bouddhiques diverses. Pour un développement intérieur qui porte ses fruits, assurons-nous toujours d'agir en accord avec la parole originelle du Bouddha.
Alors le bouddhisme, c'est quoi pour finir ?
L'attachement et l'aveuglement qui nous font errer de vies en vies peuvent être vus comme une maladie. L'enseignement du Bouddha est un remède à cette maladie. Ce remède – appelé nibbāna – a pour ingrédients l'ajustement précis des 8 éléments suivants : compréhension, pensée, parole, moyen d'existence, effort, attention, stabilité mentale. Seule, la liste des ingrédients ne suffit pas, d'autant plus qu'elle reste pour le moins abstraite pour un esprit non entraîné. Il nous faut une recette.
Recette de l'éveil spirituel
Comme pour toute recette, il y a une préparation et une "cuisson". La préparation, c'est le développement des paramis, qui inclut la vertu (voir le post précédent).
Les dix paramis
- La générosité, donner plutôt que s'approprier.
- La vertu, s'abstenir de tout ce qui est nuisible.
- Le renoncement, se défaire de tout ce qui n'est pas strictement nécessaire.
- La sagesse, savoir adopter l'action convenable au moment opportun.
- L’effort, être pleinement investi dans ce qu'on fait, quoi que l'on fasse.
- La patience, endurer avec le sourire intérieur chaque écueil de l'existence.
- La vérité, ne dire que ce qui est juste, ne jamais dire ce qui est faux.
- La détermination, effectuer de nobles choix et s'y maintenir.
- La bienveillance, être enclin à la bonté envers tous, au pardon et à la gratitude.
- L’équanimité, ne réagir ni aux sensations et situations agréables, ni à celles qui sont désagréables.
La "méditation"
Avec ce que nous appelons communément "la méditation", nous sommes au cœur de l'enseignement du Bouddha, la partie "cuisson" de la recette de la Délivrance. Il serait plus exact de parler de la capacité de l'esprit à l'immobilité intérieure et à la vision pénétrante.
Il suffit d'un seul micro instant de vision vigilante profonde. Des millions d'ouvrages servent de panneaux indicateurs vers cet ultra subtile porte de sortie du désert, où nous nous enlisons comme lors d'un Paris-Dakar si nous sommes sans boussole et sans panneaux.
Cette vision pénétrante est un travail de longue haleine, mais qu'existe-t-il de plus important ?