Il existe de nombreuses façons d’enseigner la voie qui mène à la Libération. Pour ceux qui ont encore beaucoup d’attachements, il y a des façons douces et motivantes, qui mettent l’accent sur les belles qualités à développer, comme la bienveillance, la gratitude et l’honnêteté.
Pour ceux qui n’ont presque plus d’attachements, le maître des maîtres (le Bouddha) avait une façon bien plus directe d’enseigner. Une façon qui ferait fuir à toutes jambes ceux et celles qui barbotent encore dans le royaume des désirs.
À ses disciples qui étaient à deux doigts du plein accomplissement, le Bouddha a prononcé une parole dont chaque mot, pour un renonçant, se savoure comme un miel précieux :
- Ce qui n’est pas à vous, séparez-vous en. Cet abandon vous sera avantageux et bienfaisant (il parle des cinq agrégats). En contemplant attentivement l’apparition et la disparition de ces cinq agrégats d’attachement, on abandonne toute prétention égotique à leur sujet. Ayant vu les agrégats comme irréels, le concept de soi est abandonné ; grâce à cet abandon, les agrégats n’ont plus de nouvelle possibilité d’existence. Tous les phénomènes sont vides, vains, insubstantiels, illusoires, trompeurs et faux.
Que sont les "cinq agrégats" ? Ce sont les constituants de toute expérience de l’esprit :
- la forme
- la sensation
- les notions
- les facteurs d’existence
- la connaissance discriminative
Oui, c’est du chinois ! Mais rassurez-vous, pour une bonne pratique quotidienne, il n’est pas nécessaire de les étudier. Sachez simplement qu’ils sont tout. Ils apparaissent ensemble de très nombreuses fois par instant. Ce sont les composants de chaque conscience apparaissant à l’esprit : la conscience olfactive, auditive, tactile, olfactive, gustative et mentale.
En clair : Rien de tout ce que nous pouvons expérimenter et penser ne nous appartient. Si nous nous y attachons, nous finirons inévitablement par en pâtir, puisque rien de tout cela n’obéit à nos désirs. Voilà pourquoi il est raisonnable de ne plus nous attacher à une chose chaque fois que nous en avons l’occasion, lorsque nous en prenons conscience.