Comme les moutons qui préfèrent rester ensemble, la majorité des gens qui méditent préfèrent le faire en groupe. Ainsi, de nos jours, dans les centres de méditation, la plupart des méditants s’assoient tous ensemble dans une grande salle de méditation.
Cependant, lorsque nous nous absorbons pleinement dans la méditation, ce qui nous entoure disparaît totalement du champ de notre conscience. Nous ignorons tout, nous lâchons tout, nous oublions tout pour nous focaliser à l’intérieur de nous. La méditation n’a toujours et ne sera toujours qu’une affaire personnelle. Plus un méditant sérieux bénéficie de tranquillité, de solitude, d’isolement, plus il est satisfait.
Parmi les nombreux suttas et histoires se déroulant au temps du Bouddha que vous avez déjà lues ou entendues, avez-vous souvenir d’un seul exemple de disciples du Bouddha — moines ou laïcs — méditant tous ensemble dans un même espace ? Ils se groupaient pour venir entendre la parole du Bienheureux, mais chacun cultivait le samàdhi sous son arbre, dans sa hutte, dans son coin.
Personnellement, je médite toujours seul. Je perçois la méditation groupée (que je me suis tout de même forcé à essayer quelques fois) comme une gêne autant pour moi que pour les autres : je n’ose pas tousser ou faire du bruit en quittant la salle, ni n’apprécie d’entendre ou de ressentir la présence de nombreuses personnes autour de moi, sachant que dans le lot, il y en a toujours qui, au lieu de méditer, passent leur temps à arranger leur moustiquaire, arranger leurs coussins ou manipuler je ne sais quoi.
La méditation groupée peut toutefois présenter un avantage, plus particulièrement pour les moins motivés. Imaginez dix méditants peu établis dans leur pratique. Chacun médite dans sa chambre. En moyenne, au bout d’un quart d’heure, chacun abandonne. Le lendemain, à la même heure, ils méditent tous dans la même salle. Chaque fois que l’un d’eux tend à se relâcher, voyant autour de lui les neuf autres immobiles qui semblent en pleine méditation, il sent une pulsion de détermination qui le pousse à poursuivre son assise vigilante avec entrain, jusqu’au terme de la séance. Certaines personnes peuvent également être sensibles à la synergie de groupe et ainsi y trouver une certaine motivation et énergie.
Là, je dois admettre que tu ne dis pas que des bêtises, Kassinou, mais la majorité des méditants sont tout de même des individus plutôt sérieux. Et toi, si tu observais ton esprit aussi bien que tu observes les méditants, tu en ferais certainement partie des plus sérieux d’entre eux !